Addiction aux écrans

Date de publication : 27-05-2022

Auteur : Xavier Lanne

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De nombreuses études tentent de montrer les conséquences des écrans sur l’homme. D'un côté, il y a ceux qui montrent des effets destructeurs (Dr Kardaras a montré une réduction du cortex frontal, ce qui réduirait nos capacités à prendre de bonnes décisions). De l'autre, ceux qui montrent des effets bénéfiques que les jeux vidéos pourraient développer. Dans cette apparente contradiction, il est raisonnable de penser que cela dépend de l'usage qu'on en fait. Il est tout à fait concevable qu'une personne jouant à un jeu d’orientation développe ses capacités à se repérer là où une personne utilisant son GPS au moindre déplacement, les réduirait. On peut donc distinguer deux manières d'utiliser les outils informatiques : une manière passive, où nous suivons juste ce qui s'affiche à l'écran. Et une manière constructive, où nous prenons le temps de maîtriser l'environnement qui évolue à nos yeux.

Mais, objectivement, comment et pourquoi utilise-t-on autant nos écrans ? Google, YouTube, Facebook, Instagram et Twitter sont dans la liste des sites les plus visités de France. Or les GAFAM* ont parfaitement compris qu’en fonction de la manière dont vous utilisez leurs outils, ils peuvent modifier votre cerveau.

À ce titre, ces entreprises recrutent des "magiciens". En effet, cette profession est la première à avoir compris le fonctionnement du cerveau. Les illusionnistes maîtrisent parfaitement l'art de modifier votre jugement pour vous faire voir un événement qui ne s'est pas réalisé. Avec les mêmes techniques, les réseaux sociaux savent très bien comment détourner vos biais cognitifs pour vous rendre passif devant votre écran.

Tristan Harris, illusionniste, a dévoilé qu'il concevait les outils pour Google dans le seul but de captiver votre attention.

L'un des moyens le plus connu est le scroll infini d'Instagram, capable de vous faire passer plusieurs dizaines de minutes à répéter le même mouvement de doigt. Mais pire encore, le système de notification sur nos téléphones : de l'encadré surgissant dès l'arrivée d'un message, à la petite LED qui se met à clignoter même en mode "ne pas déranger", en passant par la vibration dans la poche... Tout est là pour vous captiver. Ces interfaces sont construites dans le but de libérer une charge de dopamine dans votre corps. La dopamine est l'hormone du plaisir, elle influe directement sur notre comportement notamment sur la motivation et la prise de risque. De fait, une libération trop régulière de la dopamine peut finir par dérégler ce système.

L'usage d'outils numériques n'est donc pas anodin. Ces outils atteignent à notre dignité par le fait qu'ils utilisent notre fonctionnement biologique dans le but d'atteindre un objectif que nous-mêmes ne connaissons pas. À ce titre, notre liberté est faussée par une capacité de ces entreprises à s'immiscer au cœur même de notre être pour modifier nos capacités de jugement.

Il est donc primordial d'utiliser ces outils avec la responsabilité et les précautions qui s'imposent, c’est-à-dire de les utiliser avec une véritable maturité.

« nous avons créé des outils qui détruisent le tissu social [...] Nous menons nos vies autour de cette prétendue perfection, qui nous récompense avec des signaux à court terme : des cœurs, des likes, des pouces levés [...] Des boucles fonctionnant sur la dopamine [...] Sans vous en rendre compte, vous êtes programmés »

Chamath Palihapitiya, ancien cadre chez Facebook

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