Réseaux sociaux et marxisme

Date de publication : 17-06-2022

Auteur : Xavier Lanne

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Le marxisme est une idéologie très particulière qui peut prendre de nombreuses formes. Il est donc difficile de la cerner et d'en donner une définition précise et juste. Le marxisme peut être introduit par cette phrase de Monseigneur Gaume : c'est la "haine de tout ordre que l'homme n'a pas établi". Dans une telle philosophie, il devient alors essentiel de dissoudre tout ce qui peut être substance de vérité et d'ordre objectif. Ainsi le marxisme ne retient plus que l'aspect évolutif des choses. La philosophie traditionnelle catholique donne la vérité comme étant immuable, et les choses ont un sens qui n'est pas modifiable. Oui est oui, non est non. Il existe donc le bien et le mal, les choses bonnes et les choses mauvaises, et l'un n'est pas l'autre. Dans le marxisme, ces évidences disparaissent pour une philosophie qui n’a aucun ancrage. Ainsi, pour trancher sans porter le moindre jugement de valeur (valeur qui n’existe donc pas), une phrase telle que "vous n'êtes pas de votre temps" permet au marxiste de désapprouver quelque chose.

Dès lors, la vérité n'est plus : elle se fait. Combien croient encore à une vérité immuable, qui ne change pas ?

Ainsi, faisant abstraction de tout ce qui est érigé et de tout ce qui est, le marxisme devient une philosophie où toute chose prend sens dans l'action : le mouvement. Sans "être" antécédent, et sans "être" pour terme, qui pourrait au moins permettre de juger ce mouvement. Aristote disait : "être en mouvement, c'est tout ensemble être et n'être pas". Le marxisme est donc à l'exact opposé de : "que ton oui soit oui, que ton non soit non".

Dans cette logique marxiste, les idées ne sont donc plus jugées par rapport à l'être mais plutôt à l'expression plus ou moins spontanée de celui qui s'exprime, ou au flux passionnel qu'elles peuvent déclencher et entretenir. On ne parle plus aux intelligences, on parle aux tripes. On ne cherche pas à éclairer les esprits, on cherche à les "remuer". Et les mots eux-mêmes ne sont plus utilisés pour l'être qu'ils désignent, mais pour la force qu'ils dégagent : une sorte de sens dynamique, non littéral.

Le lien entre les réseaux sociaux et le marxisme devient évident à ce stade. Les réseaux sociaux ont mis en place de nombreux moyens qui nous font nous exprimer par les émotions, plutôt que par des idées construites comme sur les lettres manuscrites par exemple. Les émoticônes, les limites à 500 caractères, les flux sans fin, les flammes, les "j'aime", et tous les autres éléments qui aident à compléter chaque jour les modèles numériques qu'ils ont de nous, sont également un reflet d’une idéologie marxiste. Le problème est qu'implicitement au moins nous tombons dans la façon de penser et de faire du marxisme. Sans maîtrise et conscience de ce que nous faisons avec ces outils numériques, le risque est, à long terme, de se laisser influencer par cette philosophie pourtant contraire à notre pensée. Il est donc capital d’utiliser les technologies avec précaution et juste mesure afin de ne pas tomber dans leurs travers idéologiques.

« L’effarant est qu’implicitement au moins, le tour d’esprit, la façon de penser d’un très grand nombre réalise ce que le marxisme se contente d’expliciter et de systématiser » Jean Ousset

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