Un article de France TV Info relance le débat sur la puce RFID implantée dans la main. Elle pose évidemment de nombreuses questions éthiques.
Plusieurs associations de défense des droits de l'homme et la CNIL la considèrent comme une atteinte aux libertés individuelles, à la vie privée et à la protection des données.
En cette même période, l’Europe est en train de déployer l’identité numérique. Alors même qu'elle était en phase de test, elle a été rendue obligatoire pour utiliser le compte CPF, contre toutes les promesses faites plus tôt. La France travaille également à fusionner la carte d'identité et la carte vitale. En même temps, l'euro-numérique Cash+, encore en phase d'étude par l’Europe, tend à proposer un nouveau moyen d'échange de monnaie pour remplacer l'argent liquide.
L'article de France Info propose de fusionner la carte bancaire et le corps biologique avec une puce implantée. Ne serait-il pas logique aussi d’y ajouter la carte d’identité et la carte vitale ? Probablement. Même si ce n'est pas encore explicitement dans le débat.
Le problème de cette technologie est double : d'une part technique, parce qu'il pose question quant à sa mise en œuvre. D'autre part idéologique, sur les raisons qui motivent de telles implantations.
- Le problème technique :
Comme le souligne brièvement un article de 01Net, l'implant pose deux problèmes : la sécurité et la vie privée. Pour le premier, c'est en réalité une question qui se pose sur toutes technologies, implantée ou non. Des solutions seront sûrement trouvées dans le temps.
Le second problème est quant à lui plus complexe. Car c'est la conception même de la technologie qui est remis en cause. Par nature, une puce RFID ne peut pas émettre de signaux à plus d’un ou deux mètres. Ainsi, en pleine forêt, l’homme serait protégé de tout suivi géographique (hormis avec un smartphone non protégé). Il n’en reste pas moins qu’avec une dizaine d’identifications par jour (par exemple dans les bus, commerces, usage de la puce, etc.), le suivi reste extrêmement précis. Nous pouvons raisonnablement estimer ce suivi à un « pointage » par heure. Ce qui est suffisant pour comprendre le comportement des personnes.
En résumé, si la puce sert de carte d’identité, de carte bancaire et de carte vitale, elle permettra en même temps de suivre précisément tous les achats, les déplacements et actions de la personne, et d’y corréler son dossier médical. Ainsi, la vie privée n’est plus protégée que par la confiance totale que nous devrons donner aux différentes institutions. Car, si ces questions se posent déjà avec le smartphone, il y avait encore la possibilité de configurer celui-ci comme nous le souhaitions. Il existait toujours la possibilité de se détacher physiquement de son smartphone, de le prêter, de se différencier de lui. La puce sous-cutanée ne permettra pas de se détacher de ces suivis.
- Le problème idéologique :
La vie privée est un problème de fond que soulève la mise en place technique de la puce sous-cutanée. Par ailleurs, il y a un problème idéologique, qui révèle les fondements désastreux de nos sociétés.
Car la puce sous-cutanée, c’est également le début de la fusion de l’homme et de la machine. Le but n’est pas d’utiliser une technologie pour guérir une maladie, mais bien d’augmenter les capacités humaines. Ce n’est pas seulement un « artifice » dont on peut se servir et se séparer comme on le souhaite. Korben, un blogueur dans le domaine de l’informatique, écrivait déjà en 2006 « Ce n’est pas la machine qui s’adapte à l’homme mais l’homme qui s’adapte à la machine en acceptant une puce électronique en lui. »
De fait, la puce sous cutanée est une nouvelle fonction intégrée au corps humain, intégré aux individus, leur permettant de payer.
C’est aussi un moyen de prouver à des entités privées ou publiques que l’utilisateur est bien lui-même : de s’authentifier. Ce qui ne se comprend qu’à la lumière de la numérisation de tous les services administratifs. Ainsi, la puce sous cutanée connecte d’une certaine manière l’individu physique à la machine. Une personne évoluera tant sur Internet, identifié par sa puce, que dans le réel, avec cette même technologie.
En somme, il y a dans l’idée même de puce sous cutanée une logique transhumaniste à l’œuvre. Pour cette raison, son usage n’est moralement pas recevable par l’Église catholique.
Sources :
https://france-identite.gouv.fr/
https://www.ecb.europa.eu/paym/digital_euro/html/index.fr.html
https://www.01net.com/actualites/5-infos-sur-cash-le-remplacant-de-leuro.html