Une analogie des moyens de communication numérique

Date de publication : 05-02-2025

Auteur : Xavier Lanne

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Un reproche que l’on peut souvent faire avec ce qui est virtuel, c’est que ce n’est pas très concret… Aussi, il est souvent difficile de se représenter la portée intrinsèque d’un outil numérique, le besoin précis auquel il répond. Il est difficile d’évaluer les conséquences de nos écrits à travers les différentes messageries que nous utilisons. Nous voulons répondre à un besoin, et nous prenons souvent le premier outil, le plus simple ou le plus médiatisé, au détriment de sa capacité à répondre à un besoin objectif clairement identifié et compris.

Dans cet article, je vous propose une série d’analogies pour explorer l’utilité réelle des différentes formes de communication numérique.

1. 🌐 Les réseaux sociaux publics

Ce que j’appelle “réseaux sociaux publics” sont les plateformes où nous publions des informations de façon absolument publique. Tout le monde peut y accéder sans aucune limitation. Les plus connues sont YouTube, Facebook, Instagram, TikTok, X, LinkedIn, etc.

J’inclurais également sous le terme “réseaux sociaux publics” les messageries permettant de publier des informations à un public non formellement restreint. Par exemple, la fonctionnalité des stories sur WhatsApp entre dans ce cadre : le message est envoyé à toutes les personnes définies par la fonctionnalité. Et les personnes qui le reçoivent ne savent pas nécessairement qui d’autre l’a vu passer.

L’analogie : cette forme de réseau social est équivalente à publier un article dans le journal, à s’exprimer à tous en pleine rue, ou encore à faire un show dans un théâtre ouvert au public.

Par exemple, on pourrait dire que poster une story sur WhatsApp revient au même que de prendre la parole ouvertement entre collègues pour clamer ce que l’on veut dire. Poster une photo sur Instagram revient à afficher le message sur un panneau publicitaire. Verra le message qui passera devant.

2. 🗣️ Les groupes publics

Je définirais les groupes publics comme l’ensemble des groupes formellement établis mais accessibles à tous d’une manière ou d’une autre. Entrent dans ce cadre les groupes publics Telegram, Signal, WhatsApp, Messenger, etc.

L’analogie : cette forme de messagerie est équivalente à organiser un événement public sur inscription où nous pouvons prendre la parole devant toutes les personnes présentes. On sait publiquement qui est présent dans le groupe, on connaît (au moins visuellement) qui va nous entendre. Le public n’est donc pas illimité, mais il reste accessible à toute personne qui s’intéresse à l’événement.

3. 👥 Les groupes privés

Les groupes privés consistent à rassembler des personnes clairement identifiées. Ils sont accessibles à un public restreint et formellement identifié. Dans ce type de groupe, un contrôle est fait des personnes qui rejoignent et quittent le groupe (au moins implicitement). L’ensemble de nos groupes entre amis, famille, collègues entre dans cette définition.

L’analogie : cette manière de communiquer est équivalente à se retrouver dans un lieu privé pour discuter. Le contenu sera souvent informel, permettant de parler facilement de divers sujets sans distinction. On peut également facilement aborder des sujets privés car on connaît bien le public auquel on s’adresse.

4. 📧 Les communications personnelles

Pas besoin de définir : c’est la communication en tête-à-tête.

Il existe de très nombreuses manières de garder le contact avec une personne. Détaillons donc l’analogie pour chacune de ces formes.

🔐 La subtilité du chiffrement

Le chiffrement ajoute une nuance pour la quasi totalité des formes de communication numérique. Nous ne parlerons ici que de chiffrement de bout en bout. Cette forme de chiffrement consiste à rendre le message illisible pour tout destinataire non convenu. Une personne qui n’est pas clairement identifiée comme destinataire du message ne pourra pas le lire.

Précisons donc nos analogies.

Les réseaux sociaux et groupes publics : un impact faible

Pour les réseaux sociaux publics, c’est bien simple : le chiffrement de bout en bout n’y a aucun intérêt, car cela va à l’encontre du principe même consistant à publier l’information au plus grand public possible.

Pour les groupes publics, le chiffrement n’a pas un très grand intérêt non plus. Un groupe public avec chiffrement de bout en bout permet néanmoins de préserver une certaine confidentialité comme le permettrait un groupe privé, mais avec un aspect plus formel, souvent autour d’un thème particulier. Savoir que n’importe qui peut s’y joindre impose une certaine forme et une certaine tenue dans les propos qui sont partagés.

En ce sens, nous pouvons assimiler ce style de groupe à un regroupement de personnes dans un lieu plus discret mais qui reste malgré tout ouvert à tous. Par exemple, une conférence ouverte au grand public, mais qui a lieu dans une salle privée. Ce qui s’y dit n’est pas secret ni personnel, mais seuls les participants savent directement ce qui s’y passe.

Les groupes privés et communications personnelles

Pour les deux autres formes de communication, le chiffrement de bout en bout apporte une réelle différence, car il assure un cadre strictement privé autour de ce qui se dit. Il y a une nuance très nette qui nous oblige à préciser notre précédente analogie.

❓️ L’impact du chiffrement sur nos dispositions à communiquer

Le chiffrement n’a donc un réel impact que dans un cadre restreint. Quelle est précisément la nature de cet impact ?

Pensez-vous réellement que vous allez tenir la même conversation avec votre interlocuteur si vous êtes dans une rue passante ou si vous êtes seul chez lui ? La réponse devrait être : non.

La différence, c’est l’intimité. Dans une conversation privée qu’on sait être loin de toutes oreilles indiscrètes, on peut plus facilement se révéler à l’autre, dire des choses qui nous tiennent à coeur, révéler nos états-d’âmes. Les conditions de notre environnement déterminent fortement notre capacité à parler de choses personnelles. Et c’est parfaitement humain !

L’homme est fait comme ça : l’intimité nous pousse ou non à nous révéler. Le chiffrement est le moyen par lequel l’homme peut entretenir un lien à distance à l’abri de tous les regards indiscrets.

Il est donc important d’utiliser cette méthode dès lors que nous avons une conversation qui risque de comporter des éléments personnels. Respecter son intimité, numériquement comme réellement, c’est se respecter soi-même !

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