Jusqu'où le gouvernement va-t-il nous mettre sur écoute ?

Date de publication : 06-02-2025

Auteur : Xavier Lanne

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Le gouvernement est en train de voter une loi pour imposer aux messageries chiffrées de bout en bout¹ de fournir aux services de renseignement un accès aux contenus échangés. La raison ? “Sortir la France du piège du narcotrafic”.

D’un point de vue théorique et purement technique, l’idée pourrait fonctionner. Là n’est pas la question. Oui, accéder aux messages des personnes suspectées permettrait théoriquement d’endiguer le narcotrafic, la pédocriminalité… Et même la cybercriminalité qui tenterait d’exploiter les failles occasionnées dans les messageries lors de l’application des lois du gouvernement contre la criminalité 🙃️

Théoriquement, même, on pourrait espionner l’ensemble de nos messages et interactions, brancher le tout sur une IA qui prédit nos comportements, détecte les signaux faibles révélateurs d’un comportement répréhensible futur. Alors on pourrait se faire arrêter préventivement pour se faire rééduquer, ou encore imaginer que le contenu en ligne soit ciblé pour nous manipuler et nous empêcher d’adopter ce comportement.

Avec les technologies, on peut aller extrêmement loin pour empêcher le mal d’exister. Mais ne serait-il pas nécessaire de commencer par définir ce qu’est le mal avant de s’attaquer à lui ? La présente loi ne commet-elle pas plus de mal que de bien ? Que souhaitons-nous protéger, que souhaitons-nous combattre ?

La raison invoquée est-elle proportionnée au mal combattu ? Le moyen est-il juste ? N’est-ce pas un pas vers une surveillance abusive de nos vies privées ? C’est ce que nous allons étudier dans cet article.

Une analogie révélatrice de la loi intrusive

Nous avons vu dans notre précédent article qu’à chaque forme de réseau social correspond un message plus ou moins public ou plus ou moins personnel.

Ce qui est visé par la loi, ce sont les communications personnelles chiffrées. Ces communications, nous le rappelons, sont celles que nous devrions naturellement utiliser pour tout ce qui a trait à notre vie personnelle. Elles reviennent au même que d’avoir une conversation personnelle, tête-à-tête dans un lieu à l’abri de tout regard indiscret.

Par analogie, la loi impose que les services de renseignement puissent pénétrer dans tous les lieux, y compris les plus privés, pour s’immiscer dans nos conversations d’ordre intime.

Se donner le droit de s’immiscer dans l’intimité des gens n’est pas justifiable. Ce qui n’existe pas dans la réalité ne devrait pas avoir sa place dans le cyberespace. Or, dans la réalité, on peut toujours se retrouver dans un lieu privé. Certains Chinois pourraient en témoigner.

La dérive inévitable de l’intrusion gouvernementale

Par ailleurs, si cette loi semble fonctionner d’un point de vue technique, elle ne le sera pas très longtemps. Il faudrait être naïf pour croire que les narcotrafiquants continueront d’utiliser des messageries vulnérables plutôt que d’adopter des messageries avec une sécurité accrue qui contournera facilement la loi. Non seulement cette loi fait un pas majeur dans la capacité du gouvernement à s’immiscer dans les conversations privées, mais elle incite les criminels à utiliser des messageries encore plus sécurisées.

En réalité, cette loi, comme toutes les précédentes, ne fait qu’attiser la “course à l’armement” contre nos vies privées, au nom d’un combat contre la criminalité qui est tout aussi vain que d’essayer d’empêcher les gens de se parler en tête-à-tête. Ainsi, lorsque la loi se révélera insuffisante, le gouvernement demandera à avoir accès à davantage d’informations privées.

Si le gouvernement se permet d’accéder à nos conversations privées en ligne, rien ne l’empêchera, en constatant l’insuffisance de cette mesure, de nous obliger à porter un micro en permanence pour surveiller nos échanges les plus intimes, même avec nos amis, nos proches et notre famille.

N’oubliez jamais que la seule différence entre la loi adoptée et cet avertissement est le support : écrit vs verbal.

L’intimité et la vie privée ne sont-elles pas un bien commun supérieur au mal qu’est la criminalité ? Ce mal pouvant d’ailleurs être combattu de nombreuses autres façons, sans s’attaquer au bien le plus fondamental d’un individu : l’intimité.

L’intimité : le bien le plus fondamental de l’homme

Dans mon livre “L’intimité Assiégée”, vous découvrirez tous les enjeux et toutes les subtilités qui rendent ce genre de loi absolument immorale. Vous comprendrez comment cela impacte les individus dans leur liberté, dans ce qu’ils sont et dans leur capacité à distinguer le bien du mal. Vous verrez également de nombreuses autres subtilités, telles que la place de la morale, du pouvoir, de la manipulation, et les conséquences spirituelles que cela a sur l’homme.

Il est urgent de défendre notre vie privée et notre intimité contre toute forme d’intrusion. C’est la frontière la plus fondamentale de l’homme. La violer, c’est violer la dignité de l’homme.

Formons-nous à ces enjeux pour savoir faire face à ces attaques inadmissibles !

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¹ Le chiffrement de bout en bout garantit que seuls les utilisateurs impliqués dans une communication peuvent lire les messages, en les chiffrant sur l’appareil de l’expéditeur et en les déchiffrant uniquement sur l’appareil du destinataire, empêchant ainsi tout intermédiaire d’accéder au contenu.

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